Préparer, former et soutenir les intervenants et les bénévoles
Personnes visées
Bénévoles, acteurs communautaires et municipaux, intervenants de la santé et des services sociaux ainsi que tout professionnel impliqué dans la dispensation de services dans le contexte de la pandémie.
Qui la met en œuvre ?
Ressources humaines dédiées aux aidants (bénévoles, infirmières, travailleurs sociaux, psychologues, superviseurs, coordonnateurs, médecins ou autres).
Formations nécessaires
Oui.
Personnes visées
Bénévoles, acteurs communautaires et municipaux, intervenants de la santé et des services sociaux ainsi que tout professionnel impliqué dans la dispensation de services dans le contexte de la pandémie.
Qui la met en œuvre ?
Ressources humaines dédiées aux aidants (bénévoles, infirmières, travailleurs sociaux, psychologues, superviseurs, coordonnateurs, médecins ou autres).
Formations nécessaires
Oui.
Les professionnels et les bénévoles exposés à un événement potentiellement traumatique, comme une pandémie, aident les autres en situation de crise, peuvent travailler de longues heures dans des conditions difficiles et un environnement chaotique189,190. La pandémie peut donc les affecter sur les plans physique et psychosocial42. Il importe de préserver leur santé mentale afin d’assurer une prestation des soins de santé de qualité55 en les préparant, les formant et les soutenant.
La formation fait partie intégrante de la préparation et doit être encouragée chez les intervenants et les bénévoles travaillant en contexte de pandémie191. Pour les professionnels et les bénévoles, la formation serait même un facteur de prévention des pathologies post-traumatiques126. Il s’agit d’une action-clé à entreprendre avant qu’ils soient placés en contexte d’intervention lié à la pandémie. Elle doit viser à s'assurer qu’ils soient disposés à s'impliquer et bien informés de leurs rôles dans ce contexte particulier191, même pour ceux ayant des affiliations de longue date avec l’organisation. La formation revêt une grande importance pour les personnes offrant leur aide de façon spontanée qui ont souvent peu ou pas d’expérience ou de formation préalable dans le domaine d’affectation, cela les rend plus vulnérables à vivre des difficultés psychologiques par la suite192. En contexte de pandémie, il est impératif que le personnel soit adéquatement formé au contrôle des infections, qu’ils aient à disposition des protocoles clairs à suivre et que les directives hospitalières liées à la COVID-19 soient précises et diffusées à tout le personnel55. Du point de vue de la santé mentale, la formation offerte doit permettre aux intervenants et aux bénévoles 1) d’être sensibilisés aux principes et attitudes aidantes pour favoriser le bien-être des personnes impactées par la pandémie43, 2) de mieux cibler et évaluer les groupes en situation de vulnérabilité et de définir leurs besoins en matière de soutien psychosocial et 3) de planifier et de mettre en place des activités de soutien psychosocial pour la population touchée165.
Le soutien des collègues ou des superviseurs ainsi qu’une communication claire des directives et des mesures de précaution contribueraient à réduire les symptômes de troubles mentaux. De plus, le soutien psychologique du personnel de première ligne ne doit pas uniquement se concentrer sur les premiers mois de la pandémie, mais se poursuivre dans les mois, si ce n’est pas les années qui suivront193. Il faut aussi considérer que les stress vécus par le personnel en temps de pandémie découlent, en grande partie, de facteurs organisationnels. Ainsi, si une thérapie individuelle peut réduire certains symptômes, les actions organisationnelles peuvent aussi influer sur la source de stress et réduire les impacts sur la santé mentale193.
Les intervenants de la santé et des services sociaux qui interviennent en situation de catastrophe peuvent développer la fatigue de compassion, le stress post-traumatique secondaire (aussi appelé traumatisme vicariant), l’épuisement professionnel, le sentiment d’impuissance et les répercussions sur la vie conjugale et familiale font partie des conséquences négatives liées à l’intervention en situation de crise190,194. Même chose pour les bénévoles pour qui le manque de clarté dans la description des rôles, le faible niveau de préparation et la supervision insuffisante ou inadéquate peuvent aussi entraîner des répercussions importantes sur leur niveau de stress et leur bien-être167 .
Pour les intervenants psychosociaux du réseau de la santé et des services sociaux, la supervision clinique est un facteur de protection pour leur bien-être psychologique195. En plus d’être une source de soutien, elle peut aider à valider la pertinence des interventions offertes et prévenir l’épuisement professionnel111,196. Il existe également des groupes de co-développement professionnel et des communautés de pratiques offrant un soutien aux intervenants dans leur pratique professionnelle 197. Par ailleurs, il est important de souligner que les intervenants psychosociaux rapportent aussi des éléments positifs liés à leur implication dans un contexte de crise. Notamment, un changement de perception de la vie et de leurs valeurs, un sentiment d’accomplissement et une confiance professionnelle190,194. Finalement, du soutien psychologique peut être offert aux intervenants et bénévoles191 Ce soutien peut être offert par des bénévoles formés en amont152, un superviseur111 ou un professionnel de la santé mentale89.
Les intervenants du réseau de la santé et des services sociaux et les bénévoles peuvent contribuer à se préparer, se former et se soutenir les uns les autres :
- Éviter de se juger trop sévèrement, car il est normal de se sentir dépassé́ en contexte de pandémie17.
- Acquérir et renforcer ses compétences17.
- Connaître les ressources du milieu pour proposer des sources de soutien offert aux personnes.
- Les bénévoles et intervenants doivent être attentifs à leur propre bien-être145:
- Tenir compte de leur propre santé et de leurs préoccupations personnelles et familiales.
- Être sincère envers soi-même et sa disposition à aider selon le contexte de la crise et le moment.
- Privilégier des habitudes de travail et de vie saines.
- Parler avec leurs proches de confiance afin de recevoir du soutien.
- Diviser la charge de travail entre les personnes impliquées.
- Faire le point régulièrement pour se permettre de réfléchir.
- Discuter avec un superviseur ou un collègue de confiance.
- Reconnaître les bons coups et les limites du travail réalisé.
- Se souvenir que l’on n’est pas responsable de résoudre tous les problèmes des gens166.
- Prendre le temps de se détendre avant de reprendre ses activités habituelles.
Les gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux et des réseaux de bénévoles peuvent contribuer au soutien du personnel :
- Prévoir une bonne préparation du personnel à faire face au défi d’offrir des soins en contexte de pandémie, connaître les risques d’épuisement et de stress potentiel17,22,136.
- Faire preuve d’ouverture devant les capacités et motivations des intervenants pour adapter leurs rôles et leurs responsabilités en conséquence111.
- Prévoir des équipes de bénévoles de disciplines variées qui pourront offrir du soutien psychosocial et social au personnel soignant impliqué pendant la pandémie pour favoriser leur bien-être 33,72,152.
- S’assurer que l’établissement peut offrir du soutien dans les décisions éthiques difficiles17.
- Faciliter le renforcement des compétences et privilégier le long terme plutôt que la succession de réponses à court terme aux crises, car la situation perdurera17,32.
- Être proactif pour protéger la santé mentale du personnel en assurant un contact régulier pour discuter des décisions et vérifier le bien-être136.
- Être à l’écoute des enjeux de conciliation travail-famille (télétravail et garde des enfants)198.
- Assurer des canaux de communications efficaces entre les intervenants sur le ‘terrain’ et les décideurs32.
- Assurer l’accès à l’équipement protecteur nécessaire pour se protéger de la COVID-19199.
- Faciliter l’accès aux services spécialisés en santé mentale pour les intervenants et les bénévoles qui en auront besoin85,129 et l’accès au programme d’aide aux employés pour tous ceux qui en ont besoin123.
- Éviter l’épuisement du personnel par des rotations, des horaires de travail raisonnables et des temps de pause17,199.
- Démontrer de l’appréciation et de la reconnaissance envers les efforts et le travail accompli lors de rassemblements et rédiger une lettre formelle qui en témoigne191.
- Favoriser le soutien des proches des intervenants de la santé par des activités de communication publique soulignant l’importance du rôle du personnel du réseau de la santé et des services sociaux à la lutte contre la pandémie17.
- Dégager du temps pour les rencontres d’équipe partageant les mêmes défis professionnels et organiser un système de soutien par les pairs; encourager l’expression des difficultés et l’écoute, le soutien moral, la rétroaction, la validation de décision, l’identification de solutions créatives et le repérage des personnes rencontrant des défis particuliers17,191.
- Impliquer les experts en santé mentale dans les équipes multidisciplinaires de COVID-19 comme stratégies potentielles pour améliorer l'accès aux services de santé mentale pour le personnel22.
- Au besoin, exploiter les technologies numériques pour prévenir l'épuisement professionnel. Par exemple, mettre à la disposition des employés un soutien et des ressources en santé mentale accessibles sur des plateformes virtuelles (applications mobiles, internet) afin d’améliorer la vie au travail et d’adresser les signes d’épuisement22.
- Encourager la pratique des Premiers secours psychologiques en tant qu’approche de soutien mutuel pour le personnel et les volontaires167,199. Voir la fiche sur cette intervention.
- Former les gestionnaires pour qu’ils puissent détecter les symptômes de détresse chez le personnel17. Par exemple : grande fatigue, irritabilité, agressivité, difficultés à se concentrer ou à assumer ses responsabilités, changements de comportement, sommeil perturbé, idées suicidaires ou homicidaires, etc.198.
- Les responsables doivent être transparents sur les situations auxquelles le personnel est susceptible d'être confronté136.
- Instaurer la pratique de la supervision clinique assurée par un intervenant d’expérience du domaine de l’intervenant et qui est reconnu par ses pairs195.
- Organiser des ateliers pour les intervenants et les bénévoles animés par des professionnels de la santé mentale et des intervenants psychosociaux. Par exemple : les défis rencontrés dans le cadre de leurs rôles, les facteurs de stress, les réactions et les mécanismes d’adaptation, la théorie sur la santé mentale et le soutien psychosocial, des jeux de rôles, des discussions et des vidéos en complément89.
Pour les premiers répondants, les bénévoles les intervenants et les gestionnaires
Guides
Phoenix Australia Centre de santé mentale post-traumatique et le Centre d’excellence sur le trouble de stress post-traumatique (2020). Détresse morale chez les travailleurs de la santé durant la pandémie de COVID-19 : Guide sur les préjudices moraux. Document qui aide à mieux comprendre la gamme d’émotions morales liées à la pandémie et à élaborer des stratégies organisationnelles et personnelles pour réduire les risques de préjudices durables. https://blessuremorale.ca/wp-content/uploads/2020/07/Guide-sur-les-préjudices-moraux.pdf
IASC (2020). Compétences élémentaires dans le domaine psychosocial : un guide de l’intervenant pour la COVID-19. Guide offrant des informations de base sur les habiletés psychosociales à utiliser lors d’interactions avec les gens en contexte de pandémie. Disponible en français https://interagencystandingcommittee.org/system/files/2020-06/Basic%20Psychosocial%20Skills-%20A%20Guide%20for%20COVID-19%20Responders%20%28French%29.pdf et en anglais : Basic psychosocial skills : a guide for covid-19 responders https://interagencystandingcommittee.org/system/files/2020-05/Basic%20Psychosocial%20Skills-%20A%20Guide%20for%20COVID-19%20Responders.pdf
Bourque, S. (2010). Guide sur la supervision professionnelle des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux. Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec. Document qui décrit le processus de supervision et ses caractéristiques. https://www.otstcfq.org/docs/documents-accueil/guide_supervision.pdf D’autres guides similaires peuvent aussi être accessibles pour différentes professions.
Page Web
Gouvernement du Québec (2018), Le travail et la santé mentale. Contient des informations sur les facteurs de risques liés aux conditions de travail, les facteurs aggravants et des conseils pour une bonne santé mentale au travail. https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/sante-mentale/le-travail-et-la-sante-mentale/#c1705
Organisme
Association québécoise du co-développement professionnel. Regroupe des personnes de différentes provenances, professions et secteurs d’activités intéressés par la pratique du groupe de co-développement professionnel : participants, facilitateurs, demandeurs, chercheurs, étudiants, etc. Un tarif annuel variant de 55 à 95$ est demandé pour devenir membre. https://www.aqcp.org/
Fiches psychosociales
Outil d’information pour les intervenantes, les gestionnaires et les bénévoles venant en aide aux personnes sinistrées. Aborde les réactions de stress et des moyens pour mieux s’adapter à la situation. Publié par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. La gestion du stress chez les intervenants, les gestionnaires et les bénévoles en contexte de sinistre. https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2013/13-860-13WF.pdf
Outil d’information pour les intervenants ayant été exposés à un événement traumatique. Présente les symptômes de stress post-traumatique, des idées pour prendre soin de soi et pour identifier un besoin d’aide. Publié par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. En tant qu’intervenant, j’ai été confronté à un événement traumatique. https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2013/13-860-08F.pdf
Pour les médecins
Ressource d'aide
L’Association médicale canadienne offre un programme d’aide aux médecins, dont un service de consultation téléphonique professionnel et confidentiel via la ligne S.O.S. bien-être incluant un répertoire de coordonnées selon les différentes provinces canadiennes. https://www.cma.ca/fr/ligne-de-soutien ainsi qu’un espace virtuel de partage d’expériences et de soutien Connexion bien-être. https://www.cma.ca/fr/sante-et-bien-etre-des-medecins/connexion-bien-etre
Pour les gestionnaires et coordonnateurs des employés et des bénévoles
Fiche
Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité au travail (2020) : Prévenir la détresse psychologique chez le personnel du réseau de la santé et des services sociaux. S’adresse aux cadres et aux gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux et contient des informations concernant les symptômes à observer et cinq principes d’action. https://www.irsst.qc.ca/covid-19/avis-irsst/id/2664/prevenir-la-detresse-psychologique-chez-le-personnel-du-reseau-de-la-sante-et-des-services-sociaux
Documents
Institut national d’excellence en santé et services sociaux (2020) : Covid-19 et la détresse psychologique et la santé mentale du personnel du réseau de la santé et des services sociaux dans le contexte de l’actuelle pandémie. Document qui émet des constats au sujet de la santé mentale des employés du réseau ainsi que des mesures pouvant être mises en place pour contrer les effets néfastes de la pandémie sur la santé mentale. https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/COVID-19/COVID-19_SM_personnel_reseau.pdf
Institut national de santé publique du Québec (2020) : Recommandations concernant la réduction des risques psychosociaux du travail en contexte de pandémie COVID-19. Contenu pertinent pour les gestionnaires. Précise les facteurs de risque psychosociaux en contexte de pandémie et des exemples concernant la charge de travail, le soutien social du supérieur et des collègues, l’autonomie décisionnelle et la reconnaissance, accompagné de pistes d’actions pour la prévention. https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/covid/2988-reduction-risques-psychosociaux-travail-covid19.pdf
Wang, S. Z. et Karpinski, E. A. (2016) Gouvernement du Canada : Santé psychologique en milieu de travail. S’adresse aux gestionnaires et aborde les facteurs de risque liés à une mauvaise santé psychologique en milieu de travail et des stratégies pratiques pour l’améliorer. https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/services/sante-securite/rapports/sante-psychologique.html
Guide
Fédération internationale de la Croix-Rouge (2012): Prendre soin des volontaires: outils de soutien psychosocial. Guide conçu pour aider à soutenir les volontaires avant, pendant et après une crise. Inclut les Premiers soins psychologiques (PSP) pour les volontaires. http://pscentre.org/wp-content/uploads/2017/11/VOLUNTEERS_FR_lo-res.pdf