Renforcer le soutien social

Par exemple, le soutien social peut aider à s’adapter à une catastrophe en fournissant un soutien émotionnel, informationnel de même que matériel ⁴³. Plusieurs études l’identifient comme l'un des facteurs de résilience les plus importants après une catastrophe⁶⁰. La pandémie est une crise qui se caractérise par la solitude et l'isolement social qu’elle amène. Pour certains, cette solitude peut constituer un ressourcement ou être propice à une créativité personnelle, toutefois lorsqu’elle devient chronique ses effets peuvent être néfastes sur la santé mentale⁶⁶. La promotion de la connectivité sociale constitue donc une intervention de la plus haute importance dans ces circonstances^33,60.

Le sentiment d'appartenance faciliterait, de plus, l'adhésion aux règles pour mitiger la pandémie et favoriserait la santé mentale. En effet :

« Avoir confiance en l’information qui nous est communiquée et agir en conséquence est également le signe d’une infrastructure sociale solide, parce que cette attitude reflète le sentiment de pouvoir se fier aux autres et aux autorités. […] »  D. Aldrich , 2020⁶⁷

Dans le contexte de l’actuelle pandémie, des moyens d’entretenir le réseau social doivent donc être mis en place, même s’ils se déploient à distance et qu’ils doivent respecter les directives de la santé publique. Le « diagnostic » du problème d’isolement social serait la partie la plus essentielle et la plus difficile de son traitement⁶⁸. À cet effet, l’Échelle de provisions sociales à 10 items (Social Provisions Scale-10 items) est un outil utilisé par Statistique Canada pouvant s’avérer utile pour mesurer le soutien social tel que perçu par la personne⁶⁹. La réponse la plus efficace est celle qui cible les circonstances spécifiques d'une personne et qui utilise des informations simples et exploitables pour améliorer sa santé sociale⁶⁸. Les personnes ayant des opportunités pour aider les autres en ressentent également des bienfaits au niveau de leur bien-être personnel^32,70. Pour les travailleurs de la santé qui œuvrent dans le cadre de l’actuelle pandémie, le soutien social de leur famille et de leurs amis jouerait un rôle protecteur important en matière de santé mentale et de résilience en réduisant le niveau d’anxiété et les émotions négatives^71,72.

Les communautés où l’on retrouve un fort capital social et un bon leadership communautaire sont caractérisées par la confiance, l’engagement, le partage de normes sociales, les capacités de coopération et de communication nécessaires à la mobilisation de la population qui permettent un rétablissement plus rapide à la suite d’un événement difficile⁷³. Le soutien social est aussi un facteur important associé à la qualité de vie⁷⁴ et les effets positifs d’un bon réseau de soutien, de même que les effets négatifs d’un manque de soutien social, peuvent persister pendant des années à la suite d’une catastrophe ou d’un événement difficile⁴³.

Les différents groupes sociaux et communautés sont également caractérisés par des cultures qui leur sont propres et qui définissent leur identité^75,76. La préservation du lien avec sa culture d’appartenance est également un élément pouvant contribuer à protéger sa santé mentale en périodes difficiles^77,78. Par exemple, chez les communautés autochtones, l’appartenance à la collectivité, la culture, la nature et la spiritualité sont identifiés en tant que facteurs qui favorisent la guérison⁷⁹. La pratique d’activités culturelles significatives de même que l’ouverture aux différentes cultures doivent donc être encouragées. Dans le contexte particulier de la COVID-19, des questions comme celles des visites dans les CHSLD ou celles des rites funéraires nécessaires aux étapes du deuil peuvent être liées à la culture générale et la culture familiale et entrer en confrontation avec les valeurs des personnes. Un guide soulignant l’importance des rituels collectifs de deuil en contexte de pandémie⁹ a d’ailleurs été réalisé et s’adresse à toute personne souhaitant organiser un rituel collectif suite au décès d’un être cher (voir lien vers les ressources pertinentes).

Le réseau social et l’attachement culturel sont également des éléments pouvant protéger la santé mentale des enfants. Les recherches sur la résilience des enfants démontrent que la présence d'un adulte de confiance, positif et soutenant (parent, professeur, coach, personne responsable), est un facteur essentiel pouvant le protéger lors d’expériences éprouvantes^43,80. En milieu scolaire, les interventions devraient être personnalisées afin de tenir compte du contexte de la communauté et de s’assurer que les services et le soutien soient culturellement appropriés et tiennent compte des croyances, coutumes et priorités des familles⁴⁴. Cela vaut également pour la psychothérapie où l’adaptation culturelle est particulièrement importante auprès des jeunes ayant vécu un traumatisme⁸¹.