Thérapie cognitivo-comportementale axée sur le traumatisme

En contexte de pandémie, des symptômes post-traumatiques peuvent survenir chez les personnes ayant été infectées par la COVID-19^11,12, particulièrement celles ayant été hospitalisées et ayant séjourné aux soins intensifs¹⁴. Une étude réalisée en Chine auprès de 714 personnes en quarantaine infectées par la COVID-19 rapporte que 96% d’entre elles présentaient des symptômes de stress post-traumatiques significatifs¹². Les proches des personnes ayant survécus ou étant décédées sont également à risque de vivre un stress post-traumatique de même que le personnel du réseau de la santé et des services sociaux^15-17. Par ailleurs, l’événement traumatique de masse lié à la pandémie engendre des impacts majeurs dans tous les aspects de la société, rendant ainsi d’autres personnes vulnérables, notamment les groupes culturels victimes de discrimination, les personnes en quarantaine souffrant de grande solitude et les personnes en situation de précarité financière, éléments pouvant aussi être associés à des traumatismes²³⁴.

La TCC-T a préalablement démontré son efficacité dans les cas de catastrophes^{45,125,152,235,236} et elle est recommandée en contexte de pandémie^11,237. Elle peut débuter au cours du premier mois suivant l’événement en présence de symptômes post-traumatiques importants ou d’un trouble de stress aigu et inclut¹³⁵ :

• Éducation psychologique sur le développement et le maintien du TSPT,
• Gestion de l’anxiété et des émotions associées au traumatisme (ex. culpabilité, honte, colère)
• Exposition réelle ou simulée aux situations anxiogènes liées au traumatisme afin de diminuer l’angoisse et permettre à la personne de reprendre le contrôle sur ses émotions liées au trauma (thérapie d’exposition)²²⁷.
• Focus sur le rétablissement des fonctions adaptatives
• Prévention de l’évitement ou de la rechute

Pour les adultes, de 8 à 12 séances sont généralement nécessaires, selon la sévérité du trouble de stress post-traumatique et certains facteurs tels que l’âge de la personne et son état de santé physique et mentale²²⁷, mais elles pourraient être plus nombreuses dans des cas de traumatismes multiples ou de troubles concomitants¹³⁵.

Elle peut s’utiliser auprès des adultes ainsi qu’auprès des enfants d’âge préscolaire et scolaire, des adolescents et de leurs parents^56,135,153. L’efficacité de ce type de thérapie est associée au plus haut niveau d’évidence scientifique en tant que traitement pour les enfants victimes d’un traumatisme^238-240. Elle peut aussi s’appliquer à d’autres problématiques, par exemple : la dépression, l’anxiété, les problèmes de comportement, les problèmes relationnels et d’attachement, les problèmes scolaires et cognitifs²⁴⁰. Dans le contexte de cette pandémie, les enfants dont les parents occupent un emploi à risque d’exposition à la COVID-19, notamment le personnel du réseau de la santé et les employés des services essentiels, sont plus à risque de vivre un stress traumatique lié à la peur que leur parent soit infecté et en décède^241,242. Une étude récente rapporte des résultats positifs quant à l’efficacité de cette thérapie offerte à distance auprès des enfants et des adolescents ayant vécu des traumatismes²⁴¹. La télépsychothérapie leur était alors offerte en milieu scolaire ou à domicile avec l’implication d’un parent.

Le contenu de la thérapie comprend les étapes suivantes^56,241:

• Psychoéducation sur le traumatisme et réactions courantes
• Compétences parentales
• Exercices de relaxation
• Habiletés de modulation affective
• Modification des pensées erronées
• Développement et traitement d’un récit de traumatisme (techniques narratives)
• Maîtrise des rappels du traumatisme (thérapie d’exposition)
• Séances parent-enfant
• Renforcement de la sécurité et du développement

La TCC-T offerte à distance assistée par ordinateur est donc une option possible^11,233. La thérapie synchrone, sous forme de vidéoconférence ou d’interventions offertes par voie téléphonique, s’est s’avérée efficace pour plusieurs troubles mentaux dont le trouble de stress post-traumatique²⁴³. Cette démarche  doit cependant être soutenue par un thérapeute professionnel spécialisé en santé mentale et formé pour ce type d’approche¹³⁵. L'accompagnement d'un professionnel formé vise à encourager la personne à compléter le processus d'intervention, à offrir une rétroaction sur les devoirs et à réviser les progrès accomplis¹³⁵. Par contre, les études réalisées sur cette façon d’offrir cette thérapie demeurent encore limitées et des questionnements demeurent quant à l’efficacité de ce type d’autosoins pour différents traumatismes^135,244,245. Malgré cela, il est préférable d’offrir la possibilité d’une TCC-T assistée par ordinateur plutôt que de ne pas intervenir ¹⁵³.